L'Hostie trouvée porte-t-elle dans le dessin de l'effigie quelques signes qui pourraient lafaire regarder comme appartenant au XIIIe siècle ?

Dans son traité «  de Sacrificis », Benoît XIV fournit une description précise des hosties du moyen âge : de forme ronde, leur dimension valait celle d'un denier, leurs empreintes figuraient l'image de Notre-Seigneur en croix, ou bien toute autre se rapportant au Sauveur, parfois même une simple croix. Mais les signes caractéristiques de ces hosties médiévales se remarquaient à la manière dont les bras du Christ sont étendus et à la ceinture qui entoure les flancs du Seigneur.

C'est bien en effet ce qu'on aperçoit dans les vitraux de Chartres, Strasbourg, Bourges et d'un Christ possédé par l'église de Wattignies, près de Seclin (provenant de la mère de saint Louis, Blanche de Castille).

Les spécimens iconographiques d'Arthur Martin et de Charles Cahier dont l'autorité est incontestée en ces matières fournissent à ce sujet des détails intéressants

     a) Les crucifix du Moyen Age donnent au Christ une haute taille ;

b) Au IXe siècle les bras du Christ sont presque horizontaux et l'allure générale, tout en décelant la souffrance, n'affecte pas ces contorsions plus ou moins bizarres que le XIVe siècle a cru devoir donner au corps du Sauveur crucifié ;

c) Quelques artistes du XIIIe siècle enrichissant encore sur la superposition des jambes, qui entraînait la coutume de percer les pieds d'un seul clou, peignirent les talons de façon si bizarre qu'ils semblent aussi croisés que les jambes ;

d) La tête du Christ est presque toujours inclinée sur l'épaule droite au point de cons­tituer un signe caractéristique de l'époque ;

e) Les crucifix moyenâgeux sont amplement ceints et drapés.

Or d'après l'abbé Capelle, Cf. p. t8 de son livre, «  Jubilé séculaire du Très Saint-Sacrement de Miracle » :

 Le Dessin de l'Hostie fut copié et adressé au savant Rd Père Martin avec prière de dire s'il pouvait être attribué au XIIIe siècle ; de forme circulaire et d'un diamètre de 31 millimètres, cette hostie est de couleur grise tirant sur le jaune, ses extrémités dans presque tout le contour sont notablement avariées, néanmoins la nature des Saintes Espèces pouvait être en 1854 regardée comme s'étant conservée intacte ; sur la face on distingue deux lignes en relief formant bordure et au milieu également en relief, l'image de N.-S. J.-C. attachée à une croix dressée sur un petit tertre.

"En examinant de près cette image on remarque que le crucifix suppose une haute taille à Notre Seigneur, la tête légèrement inclinée à droite est dépourvue de la couronne d'épines ; les  bras sont étendus de manière à former un Tau grec et les jambes quoique imparfaitement dessinées, sont disposées de telle sorte qu'il est aisé de voir que les pieds devraient être attachés par  un seul clou.

 J'ajoute qu'après avoir moi-même examiné à fond la Sainte Hostie, je n'ai trouvé le corps ni affaissé, ni raide, je n'ai pas remarqué non plus le maniéré qui s'y est introduit au XIVe siècle.

 En sorte que des caractères encore saisissables dans notre Hostie, il n'en est aucun qui accuse un siècle postérieur au XIIIe siècle et rien non plus ne s'oppose à ce que le fer d'hosteries avec lequel elle a été moulée appartienne à cette époque reculée ».

Cette analyse si minutieuse de la Sainte Hostie Miraculeuse augmente donc encore les fortes présomptions qui nous portent à croire à son identité avec celle de 1254 Et d'autre part, ayant été moulée avec un fer d'une si haute antiquité, la supposition d'une substitution de 1793 à 1805 devient encore plus invraisemblable.

 

APPRÉCIATION ET DÉCLARATION DU R. P. MARTIN,
SPÉCIALISTE D'ICONOGRAPHIE EUCHARISTIQUE.

 Ce fut également l'avis du spécialiste en ces questions : le R. P. Martin qui, ajoute l'Abbé Capelle, voulut bien répondre ainsi aux questions qui lui furent adressées à ce sujet :

«Au premier aspect, dit-il, rien ne s'oppose à ce que la représentation du Crucifix soit du XIIIe siècle, mais il faut avouer que les détails sont un peu vagues".

Dans une autre lettre écrite quelques jours après la première il ajoute

 Je maintiens l'opinion que je vous ai déjà exprimée: rien de sérieux ne s'oppose à ce que le monument soit du XIIIe siècle, dès le commencement de ce siècle, on croisait les jambes à l'image du Christ pour réduire à 3 le nombre des clous... La tête ne paraît pas avoir eu de couronne d'épines et c'était l’usage.

Nous voici donc une fois de plus devant un sérieux témoignage de certitude morale sur l'authenticité de l'Hostie conservée à Saint-Pierre.

 En 1925, à l'occasion d'une visite de Société savante à Douai, la custode renfermant l'Hostie du Miracle, alors conservée dans la Sacristie de la Collégiale de Saint-Pierre, fut présentée au très docte Théodore, conservateur du Palais, des Beaux-arts à Lille, membre de la Commission historique du Nord, dont l'érudition bien connu c'est plus particulièrement attachée à l'étude des objets et des choses de l'archéologie sacrée, spontanément, il affirma que l'empreinte du Christ en croix qui se distingue sur l'Hostie provient bien d'un fer ou moule du XIIIe siècle dont elle présente les caractéristiques.

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