Le Très Saint-Sacrement de Miracle synthèse vivante et vivifiante de l'avenir au passé religieux et ecclésiastique de Douai

Par la Fulmination de la Reconnaissance officielle et Canonique de l'Hostie Miraculeuse de Saint Amé actuellement conservée en la Collégiale Saint Pierre de Douai et de la permission du Culte solennel et public qui lui revient, octroyée par Ordonnance de Son Excellence Monseigneur Chollet,

Archevêque de Cambrai.

 

LES DESIDERATA DE LA VILLE DE DOUAI.

 

Ce n'est pas sans un profond et très sensible serrement de cœur que la plupart des Douaisiens (et particulièrement tous ceux qui ont quelques notions d'histoire locale) constatent chaque année, lors de la grande procession des 3 paroisses, si célèbre à Douai de même qu'à la procession dite du Très Saint-Sacrement de Miracle de la paroisse Saint-Jacques à l'endroit même où s'est opéré jadis le prodige et qui a lieu tous les ans le dimanche de Quasimodo, qu'un vide irremplaçable marque annuellement ces grandes fêtes Eucharistiques !

Ce vide irremplaçable pour les Douaisiens, accentue même à chacune de ces solennités Eucharistiques précitées, le serrement de cœur très sensible et profond qu'ils éprouvent en constatant que, depuis la grande Révolution, seul le précieux trésor Eucharistique (que leurs ancêtres étaient pourtant si fiers - à juste titre - de glorifier par des splendeurs dont la lecture et le souvenir ne font qu'aviver leurs regrets), ne figure plus dans les nouveaux thèmes et motifs ajoutés souvent dans les touchantes manifestations de foi et d'amour envers l'auguste Sacrement de nos autels. Aussi une question unanime revient toujours et sans cesse sur leurs lèvres, lors de ces processions susdites. « Mais quand donc reverrons-nous, comme nos pères, la Sainte Hostie Miraculeuse attachée de nouveau au grand Ostensoir de nos processions, renouer par ce lien historique si vénérable le présent de Douai à un passé si glorieux.

Sans doute de la part des fidèles et particulièrement du bon peuple des rues les plus populaires et prolétaires de Douai, (comme la rue Bra par exemple) lorsqu'on remarque avec quel empressement il est avide de manifester sa foi et son amour au Saint-Sacrement, au point de faire parfois la leçon à certaines autres rues beaucoup plus riches et appropriées pour vénérer ainsi publiquement le Saint-Sacrement, on conçoit facilement cette question ingénue sur ses lèvres. Ce qui prouve qu'on se tromperait étrangement en se figurant que ces braves gens ont oublié, ou ne connaissent pas le Très Saint-Sacrement de Miracle.

Mais où la question devient plus émouvante, c'est lorsqu'on entend de vénérables magistrats, non seulement avocats généraux, procureurs, conseillers mais encore présidents de Chambre, voire même Premier Président, sans parler de certains avocats et avoués qui connaissent si bien « leur vieux Douai», formuler absolument la même question. Alors en effet, on ne peut s'empêcher de songer à ces personnalités si importantes et si vénérées du Parlement de Flandre de jadis tels les Leroux de Bretagne, les Deforest de Lewarde, les de Polinchove etc... sans parler du 29e et dernier Prévôt de Saint-Amé, M. le Chanoine Pierre François Xavier de Ranst de Berckem, le sauveteur même de la Sainte Hostie Miraculeuse au moment de la Révolution et qui faisait aussi partie de cette vénérable assemblée à titre de Conseiller clerc au Parlement de Flandre.

Aussi sommes-nous heureux de constater combien ces Messieurs sont restés dans la ligne et continuent ainsi l'attachement de leurs devanciers au Très Saint-Sacrement de Miracle.

Il est vrai qu'ils ne sont pas les seuls à manifester de si louables sentiments puisque de nombreux membres de l'Université actuelle, professeurs de Lycée masculin ou féminin, de l'administration de ces établissements, d'autres similaires, ou de celle de la Bibliothèque et du Musée, non seulement ressentent la même impression vis-à-vis de l'absence de la Sainte Hostie Miraculeuse des pieux et si touchants cortèges des processions eucharistiques Douaisiennes, non seulement la formulent avec regret comme les Magistrats ci-dessus évoqués, mais même participent aux recherches historiques entreprises à la gloire du Très Saint-Sacrement de Miracle, discrètement bien sûr, mais non moins efficacement. Qu'ils nous permettent donc ici et avec la même discrétion un très cordial et plus sincère merci au nom du Très Saint-Sacrement et de la part de l'Église.

Ces remerciements prouvent d'ailleurs combien ces milieux, que certains croient si éloignés de l'Eucharistie, en sont cependant très proches pour ne rien dire de plus, et conserver, au Dieu caché du Tabernacle, tout le cachet du silence religieux dont Il entoure ses discrètes conquêtes !

Toutefois si la discrétion en semblable sujet, et sur un tel terrain est de rigueur, du moins est-il permis à un collègue de constater combien là encore, le présent continue le passé ! Et alors, comment ne pas évoquer toute la portée du geste du Docteur Georges Colvenère, chancelier de l'Université de Douai, et professeur à la faculté de théologie. Nous ne tenons pas à revenir sans cesse sur les faits et idées déjà envisagés en notre ouvrage, mais les savantes Éditions du De Apibus de Thomas de Cantimpré, rééditées par le Chancelier d'Université précité, ne démontrent-elles pas ici, et avec quelle éloquence, combien ces professeurs actuels en contribuant comme certains le font discrètement à la gloire du Très Saint-Sacrement de Miracle continuent le geste non seulement de leurs prédécesseurs tels les Colvenère, les Bossémius, Mathias Galenus, Nicolas Lelong, Gertman, Stapleton etc., mais même de leur tout premier devancier Wallerand Hangouard, premier chancelier de l'Université de Douai, et qui fut également à titre de 17e Prévôt de l'insigne Collégiale de Saint-Amé le gardien attitré de la Sainte Hostie Miraculeuse. Aussi quand nous disons que non seulement dans le peuple mais encore parmi les successeurs des personnalités notoires du Parlement de Flandre et de l'Université de jadis, le vif regret de constater l'absence de l'Hostie miraculeuse des processions du Saint-Sacrement, et l'ardent désir de la voir bientôt reprendre la place triomphale qui lui revient, expriment autant une impression vivement ressentie certes, que l'affirmation d'une glorieuse, impérissable, très vivace et toute légitime tradition Douaisienne, sommes-nous l'interprète fidèle de la réalité ?

Et que dire alors de ceux qui gèrent présentement les intérêts de la cité, et surtout de tous leurs prédécesseurs depuis la précédente guerre et antérieurement, sinon que les opinions les plus diverses et parfois très avancées se sont manifestées au sein de leur assemblée.

Et pourtant à leur louange, et il faut qu'on le sache partout, où on lira ces lignes, jamais, même aux plus mauvais jours de l'anticléricalisme : les processions et en particulier le magnifique cortège processionnel des trois paroisses de Douai ne fut supprimé. En sorte que toujours et chaque année, avec le bienveillant concours du Maire et du Conseil municipal de Douai, l'hommage eucharistique traditionnel et annuel de la cité au Dieu du Saint-Sacrement parcourt publiquement les principales rues de la ville.

Et plus d'un de ces élus ont affirmé que si déjà la Ville tenait à affirmer ainsi non seulement sa correction mais même sa participation aux processions, que sera-ce quand le Très Saint-Sacrement de Miracle parcourra et bénira à nouveau de son trône glorieux de l'ostensoir les rues qu'Il a si souvent honorées de sa visite au cours des siècles passés dans sa bonne, dévote et fidèle cité de Douai.

Puisse le ciel exaucer bientôt ce vœu si ardent de tous les cœurs Douaisiens et, en attendant, rappelons un peu les quelques raisons qui ont motivé une si longue attente.

 

 

LES RAISONS DE PRUDENCE ET D'ATTENTE DE L'ÉGLISE

 

Il semblerait que depuis cette longue période - à savoir d'octobre 1854 (Octobre 1854. Date de la découverte de la Sainte Hostie â l'autel des trépassés de la Collégiale Saint-Pierre, par le Chanoine Héroguer alors doyen de la dite collégiale et archiprêtre de Douai - et Juillet 1914 date de la reconnaissance officielle et canonique le l'identité de l'Hostie conservée à Saint-Pierre, avec la Sainte Hostie Miraculeuse le Saint-Amé, par Son Excellence Mgr Chollet, archevêque de Cambrai accompagné de M. le chanoine Wattel, Vicaire général, Supérieur du Grand Séminaire) à juillet 1914 - l'Église ait eu tout le temps nécessaire pour établir son jugement et décréter sa décision relativement à l'Hostie trouvée à Saint-Pierre, et son identité actuelle et canonique avec la Sainte Hostie Miraculeuse conservée jadis à Saint-Amé.

Et, depuis 1914, un nouveau lustre de 28 ans s'est encore écoulé sans que l'Église ait, semble-t-il, bougé.

Remarquons toutefois, comme nous l'avons déjà laissé entendre au premier chapitre de la troisième partie, qu'en fait, la Sainte Église a pris position. Déjà, disions-nous alors, le Cardinal Régnier qui commanda l'enquête en 1854 et en suspendit ensuite les travaux, non seulement n'a pas prononcé une fin de non-recevoir, mais d'après les prescriptions recommandées alors par Son Éminence au Doyen Héroguer, a substantiellement laissé comprendre son jugement sans en publier la teneur pour des raisons que nous allons très succinctement rappeler dans les lignes qui vont suivre

D'autre part Son Excellence Mgr Chollet, Archevêque de Cambrai, est loin d'être évasif ou imprécis sur le fond même de la question, puisque Son Excellence est venue en personne, accompagnée, comme nous venons de le signaler plus haut, de M. le Vicaire Général Wattel, supérieur du Grand Séminaire de Cambrai, procéder à la reconnaissance officielle et canonique de la Sainte Hostie Miraculeuse de Saint-Amé, heureusement retrouvée à Saint-Pierre et conservée depuis en cette collégiale.

Donc là encore non seulement les positions sont prises, mais elles sont nettes et formelles.

Et qui oserait s'arroger le droit de critiquer cette lenteur calculée de l'Église dans la fulmination de ces décisions ? En rien, ici, il n'y a péril en la demeure pour le salut des âmes 1 Et quand il s'agit de publicité à donner à ses décrets, l'Eglise reste juge du moment favorable, et de l'heure opportune de ses interventions.

Au surplus, ceux qui seraient les plus portés à se plaindre de ces temporisations prises par l'Église sont encore les premiers à s'insurger contre ses décisions quand, à l'occasion d'une circonstance particulière ou d'un fait extraordinaire, l'Église intervient pour les promulguer solennellement. Qu'on se souvienne de l'attitude prise par l'incroyance et l'impiété à Lourdes lors des apparitions de l'Immaculée à Bernadette, et de suite on comprendra quelles sont les raisons majeures qui exigent de la part de l'Église un minutieux examen et toute une enquête préalable et aussi judicieuse, que les faits, les lieux et les circonstances le permettent.

Les conséquences sont beaucoup trop graves pour que l'Église s'engage ainsi à la légère (ce qu'elle ne fait jamais d'ailleurs) et à fortiori dans le domaine du surnaturel à discriminer de l'ambiance naturelle qui le circonscrit.

De ce chef, et en fonction de sa Responsabilité qui y est alors engagée, l'Église ne peut procéder qu'avec une extrême prudence qui requiert évidemment tout le temps nécessaire.

Évidemment aussi, pour le cas qui nous occupe, le fonds de l'affaire est clair, et l'opinion et le jugement substantiels de l'Église sont établis

Mais comme nous l'avons aussi ajouté, il peut y avoir parfois certaines circonstances locales qui empêchent de publier les positions et décisions prises par la Sainte Église.

Et pour la Sainte Hostie entre autres, ce fut précisément le cas ! Pro bono pacis et jus­titiae, avons-nous remarqué précédemment.

Du point de vue de la justice, nous avons précisé que le Cardinal Régnier reconnut à l'église Saint-Jacques, du fait de sa position géographique sur l'ancien territoire de Saint-Amé, le droit de célébrer les fêtes du Très Saint-Sacrement de Miracle et d'en continuer le culte.

En outre, malgré l'état d'exiguïté de l'édifice, le Cardinal reconnut encore à Saint-Jacques le droit strict de célébrer les susdits offices et jubilés centenaires à Saint-Jacques, bien que Saint-Pierre eût pu, pour ces circonstances - comme le signalait le Cardinal - contenir davantage et plus aisément la foule.

D'autre part, Saint-Pierre se réclamant du Billet d'Alexandre Mornave et de la réelle possession de la Sainte Hostie Miraculeuse, affirmait son droit de légitime propriétaire. Néanmoins, comme le titre ne datait que de 1805, et qu'à l'encontre du droit civil, le droit canonique requiert lion seulement 30 ans, mais 100 ans pour établir une prescription d'une possession ecclésiastique, nous avons fait remarquer dans le premier chapitre de cette troisième partie que le Cardinal préféra voir ces temps révolus, c'est-à-dire une centaine d'années écoulées pour faire prononcer officiellement par l'Église la légitime possession de la Collégiale Saint-Pierre à cet effet. Certainement en droit canonique et en cas de recours à Rome « La Rote » en aurait décidé ainsi. Il était donc de la plus élémentaire prudence et sagesse pour l'archevêque de Cambrai de ne pas se mettre en possibilité d'opposition avec « La Rote» et partant de condamnation par ce Tribunal Suprême.

On comprend et on conçoit dès lors aisément toute la sagesse et la prudence du Cardinal Régnier malgré la déception que la suspension de l'enquête de 1855 produisit dans Douai à ce moment-là, comme le maintien de cette décision par l'Église tant que les cent ans requis par le droit canonique pour établir une prescription en faveur d'une possession légitime en biens ecclésiastiques ou mobilier religieux, comme reliques, etc..., ne soient révolus.

Mais en plus de cette exigence canonique, il y avait encore, avons-nous signalé aux références précitées, le bien de la paix à promouvoir et, le cas échéant, à imposer. Pour ne pas revenir sur ces chicanes et maintenir tout notre ouvrage en dehors de ces disputes qui n'en finissent plus et ne font que s'envenimer dès qu'on s'y attarde, tranchons d'un mot en disant que le Cardinal Régnier et tous ses successeurs depuis - les questions de droit strict une fois résolues - ont tenu, par une attitude dont aucun ne s'est départi jusqu'à présent, à bien marquer la véritable atmosphère dans laquelle ces différends doivent être traités : à savoir la région sereine des principes dominée par la charité, dont saint Augustin a formulé ainsi l'axiome : In necessariis unitas, in dubiis libertas, sed in omnibus caritas.

A vingt siècles de distance du Cénacle, nous voyons donc une fois de plus les premiers Pasteurs du Diocèse de Cambrai maintenir leur troupeau dans l'esprit que le Sauveur lui-même imprimait et ordonnait à ses Apôtres -dont ils sont les légitimes successeurs -, dans la circonstance la plus grave de sa vie, à la veille même de sa mort, dans ce sublime discours des adieux après la Cène !

Et quoi d'étonnant quand on se rappelle que ce qui aurait pu devenir l'objet d'un litige entre paroisses d'une même cité, entre fidèles et clergé également épris d'un profond amour et attachement au Très Saint-Sacrement de Miracle, était l'expression même de l'amour du Christ pour les hommes dans le Sacrement de l'union et de la charité par excellence : « la Sainte Eucharistie ».

On sent là toute la portée de la leçon donnée par les Archevêques de Cambrai et combien ils ont voulu rappeler par l'éloquence de leur silence, la parole même tombée des lèvres du Maître pour tous ses disciples et, à fortiori, quand il s'agit pour ces derniers de manifester leur foi et leur amour au Saint-Sacrement de Miracle : Ut sint unum.

 

LA TEMPORISATION DE MONSEIGNEUR CHOLLET AU SUJET DE LA FULMINATION EN QUESTION

 

Puisque Son Excellence Mgr Chollet, l'archevêque actuel de Cambrai, a procédé déjà et en personne à la reconnaissance officielle et canonique de la Sainte Hostie Miraculeuse, quelques mois à peine après avoir pris possession du siège archiépiscopal de Cambrai, comment se fait-il, pensent certains Douaisiens, que la Fulmination n'ait point encore eu lieu, attendu que les cent ans, requis par le Droit canonique pour établir la prescription en fait de possession légitime d'un bien ecclésiastique ou d'une chose religieuse, sont révolus.

Et de fait, c'est en 1805, affirme le Billet d'Alexandre Mornave, que le petit coffret renfermant la boîte qui contenait la Sainte Hostie Miraculeuse, fut donné par le susdit à la Collégiale Saint-Pierre. Donc normalement c'est en 1905 que semblable fulmination aurait dû avoir lieu.

Pour Mgr Chollet, il eût été difficile de réaliser alors semblable fulmination, attendu que Son Excellence n'était pas encore à cette époque Archevêque de Cambrai. D'autre part la remise à Saint-Pierre du précieux coffret eut lieu sans doute en 1805 mais la découverte par le Chanoine Héroguer n'eut lieu qu'en octobre 1854. Aussi, là encore, pour éviter toute équivoque, il est possible que l'Archevêché de Cambrai, à la suite de la curie pontificale, exige comme point de départ des cent ans révolus sans doute la date de la remise du Coffret par Alexandre Mornave à la Collégiale susdite, mais pour la Fulmination celle de la découverte faite par le Doyen de Saint-Pierre, M. le chanoine Héroguer, en octobre 185,1. De ce fait, il est possible que l'autorité diocésaine attende 1954 pour la fulmination à moins qu'un événement important ne la fasse devancer.

De ce chef et d'après tout ce que nous avons dit précédemment deux considérations nous paraissent alors absolument certaines, à savoir

La définitive, désormais formelle, et canonique garantie d'identité de l'Hostie trouvée à Saint-Pierre de Douai et de l'Hostie Miraculeuse de Saint-Amé de jadis.

Du fait de cette garantie, et de l'immense valeur historique eucharistique et divine qu'Elle confirme à l'Hostie Miraculeuse de Saint-Pierre : vraisemblable, tout à fait logique, et déférente attente d'un événement caractéristique suffisamment notoire comme opportunité, en rapport avec l'importance d'une telle fulmination.

Ces deux considérations ne semblent peut-être, à priori, et particulièrement pour ceux qui ne connaissent pas suffisamment le droit canonique et l'importance historique du Miracle du Très Saint-Sacrement de Saint-Amé (1254), pas tellement relatives. Aussi, ne nous paraît-il pas inutile de démontrer le lien au contraire très étroit et si logique qui les unit.

En effet l'intervention personnelle de Son Excellence Mgr Chollet dès son arrivée sur le Siège de Cambrai pour examiner lui-même et sur place à Saint-Pierre de Douai la Sainte Hostie, après avoir étudié en théologien averti, comme il l'est, toute l'affaire, prouve déjà toute l'importance que Monseigneur attache à la question, et combien Son Excellence entend en suivre tout le développement. Ses différentes interventions depuis à ce sujet, que nous avons signalées précédemment, confirment de par ailleurs, combien l'attention archiépiscopale est demeurée constante à cet effet. On sait aussi et, tout le présent ouvrage l'expose, j'espère, de façon assez convaincante, combien toute l'histoire de la Sainte Hostie Miraculeuse, particulièrement depuis son sauvetage par M. le chanoine de Ranst de Berckem, jusqu'à nos jours, proclame, et bien haut, l'identité parfaite de l'Hostie conservée à Saint-Pierre et de celle de Saint-Amé de jadis.

Aussi quand un personnage de la valeur doctrinale de l'Archevêque actuel de Cambrai intervient pour confirmer personnellement cette identité, si on est vraiment sincère, impartial et droit, peut-on encore raisonnablement avoir le plus léger doute à ce sujet !

Mais il y a plus : c'est que le personnage en question est ici l'Ordinaire des lieux, et en conséquence son intervention apporte à la Reconnaissance qu'il fit de la Sainte Hostie en 1914 une qualité canonique et officielle qui clôt et pour toujours la question et son débat, et donne ainsi que nous l'avons dit plus haut, au précieux trésor, un confirmatur, d'une valeur incomparable, car, en l'espèce, c'est alors l'Église qui nous affirme officiellement

« Le témoignage extraordinaire d'amour accordé par Notre Seigneur Jésus-Christ à la ville de Douai en 1254 repose actuellement dans un tabernacle de l'église Saint-Pierre de Douai. Ce miracle eucharistique le plus beau du XIIIe siècle est l'un des plus grands et des plus » importants de toute la catholicité!

Fidèles, vous pouvez vous prosterner devant cette Hostie mémorable, infiniment vénérable, et l'adorer, car ce lien historique qui vous attache du présent au passé est sans solution de continuité. » (On sait de par ailleurs qu'on croit encore la présence réelle dans certaines parties de l'Hostie Miraculeuse.)

Du coup, et devant l'importance historique, canonique et eucharistique d'un tel fait, plus que jamais la règle : De minimis non curat praetor entre ici enjeu, c'est-à-dire qu'il devient absolument nécessaire et indispensable que l'occurrence d'une opportunité tout à fait capitale et en rapport avec l'objet en question, motive la fulmination, certes si impatiemment attendue mais dont le caractère souverain ressort si éminemment de l'essence de son objet, à savoir : après la Reconnaissance officielle et canonique de la Sainte Hostie Miraculeuse de Saint-Amé par l'Ordinaire des lieux, la Fulmination de la permission du culte solennel et public à lui rendre.

On comprend aussi, quand on se rappelle les splendeurs et somptuosités des parterres d'Évêques, d'Archevêques et Cardinaux, Primats et Patriarches aux centenaires du Très Saint-Sacrement de Miracle, des cortèges fameux, des notoriétés historiques, artistiques, des corps constitués, de la richesse décorative des rues, édifices publics, reposoirs, églises, ainsi que la foule immense que le Saint-Sacrement de Miracle attirait tous les cent ans à Douai, toute l'importance d'un événement qui va non seulement autoriser à nouveau le culte du Saint-Sacrement de Miracle, mais rendre présente en ces Jubilés et cortèges eucharistiques « l'Hostie historique elle-même, objet d'un tel culte» !

N'oublions pas, d'autre part, que ce culte avait aux yeux de l'Église, un tel caractère d'universalité que le Saint-Siège lui-même intervenait chaque fois par la faveur d'une Indulgence plénière, accordée avec la solennité, sous la forme et avec la valeur d'une indulgence Ad instar Jubilei aux fidèles réalisant les conditions prescrites.

Or depuis 1914, nous ne nous souvenons pas d'une circonstance ou d'un fait dont l'importance au point de vue religieux (car il ne peut être évidemment question ici de n'importe quelle occurrence civile, politique ou militaire capable de parité avec la réalité eucharistique) ait pu appeler ou susciter une opportunité de rapport idoine à motiver la fameuse fulmination attendue depuis si longtemps à Douai et par toute la province ecclésiastique de Cambrai.

Seuls, en effet des événements sensationnels à portée européenne, et voire même universelle, comme ceux que nous connaissons à présent, par exemple, pourraient le cas échéant, par suite de leur accointance avec la question ou un fait eucharistique, être en mesure de susciter l'occasion d'une telle Fulmination. Et encore là, notons qu'une entente préalable avec le Comité Général et central des grands pèlerinages eucharistiques internationaux, à l'occasion prochaine de l'un d'entre eux, et conséquemment une entente directe avec le Saint-Siège sont opportunes, du fait même des circonstances occurrentes.

On conçoit dès lors, - après avoir quelque peu réfléchi à toutes ces circonstances qui enveloppent le fait de la Fulmination en question, par Mgr l'Archevêque et qui, au premier abord ne sont pas saisies par tout regard profane, mais n'échappent pas pour autant aux vues supérieures du Premier Pasteur de l'archidiocèse - la raison profonde qui a causé la temporisation de la part de son Excellence Mgr Chollet.

Et, datis dandis, ne peut-on même affirmer que plus son Excellence a attendu, malgré les vifs et impétueux désirs des Douaisiens, et toutes les pressantes prières dont Elle a été saisie à cet effet depuis si longtemps, plus aussi cette temporisation, prouve en fin de compte toute l'idée que Mgr l'Archevêque se fait de l'importance, de la valeur historique et de l'immense portée non seulement pour la Province ecclésiastique de Cambrai mais pour toute la Chrétienté de la Fulmination de la Reconnaissance officielle et canonique de la Sainte Hostie et de la permission du Culte public et solennel à lui rendre.

 

 

NOS RAISONS D'ESPÉRER TRÈS PROCHAINE LA FULMINATION DE LA RECONNAISSANCE OFFICIELLE ET CANONIQUE DE LA SAINTE HOSTIE MIRACULEUSE DE SAINT-AMÉ CONSERVÉE A SAINT-PIERRE DE DOUAI
ET DE LA PERMISSION DU CULTE SOLENNEL ET PUBLIC A LUI RENDRE.

A présent que nous possédons mieux les éléments de la question, il semblerait à de certains, - au fur et à mesure que l'importance des motifs de la Temporisation archiépiscopale cités à la page précédente, leur est dévoilée, - qu'ils aperçoivent pour autant, la permission du Culte public et solennel de la Sainte Hostie et sa Fulmination, reculer et s'enfuir à des dates astronomiques.

Il ne faut exagérer ni dans un sens, ni dans un autre ; mais s'il nous était permis d'émettre un avis, nous dirions même que les raisons d'espérer prochaine la Fulmination de la Reconnaissance officielle et canonique de la Sainte Hostie Miraculeuse de Saint-Amé conservée à Saint-Pierre de Douai, et de la permission du culte solennel et public à lui rendre, nous apparaissent de jour en jour très voisines de la fin de cette formidable guerre.

Et de fait, Sa Sainteté Notre Saint Père le Pape Pie XII après sa première Encyclique Summi Pontificatus a nettement pris position au sujet de ce conflit, et déclaré le point de vue de l'Église à cet effet.

On sait d'autre part, combien Sa Sainteté désire l'union et la paix de tous ses fils en chrétienté. Les armes pontificales l'expriment si éloquemment ! Mais du désir papal à la réalité présente : quel abîme ! ! ! Qu'importe s'écrie Pie XII Omnia possum in eo qui me confortat. Et où le Pontife trouvera-t-il mieux Celui qui le fortifie et qui constituera en même temps le plus fertile et fécond ferment d'union et par suite de paix entre les hommes, que dans le Sacrement d'amour et d'union de Dieu avec les hommes et de ceux-ci entre eux : « La Divine Eucharistie ».

En outre, pour reconstruire demain l'Europe et le Monde sur des bases qui ne soient plus aussi éphémères et branlantes que les Traités invoqués par les uns et considérés comme chiffons de papier par les autres - qui ne sent devant une telle œuvre et un tel problème monter de son cœur à ses lèvres, et à son âme : la parole même du Psalmiste.

 

« Nisi Dominus aedificaverit domum, in vanum laboraverunt qui aedificant cam. Si ce n'est » le Seigneur qui édifie la maison c'est en vain qu'y travaillent ceux qui la construisent ».

 

Certes les intérêts sont divergents, les uns font appel à l'espace vital, d'autres s'élèvent au point de vue moral ; non seulement les aspects divergent, mais les domaines eux-mêmes sont différents ! Qui donc sera assez fort pour d'abord en imposer à tous et ensuite construire, faire vivre et prospérer la chrétienté dans l'arc-en-ciel de la Paix : le Pax Coeli de Pie XII.

Les armes ? Miséricorde ! Les ruines accumulées et surtout l'amoncellement des cadavres disent assez leur puissance destructive, mais où donc gît leur vertu constructive ? Et pourtant la paix, fondement indispensable de toute prospérité et édification durable, fut promise jadis par Celui dont les paroles demeurent.

 

« Paix aux hommes de bonne volonté ».

 

Or voici qu'à travers le cliquetis des armes, le feu, le fer et la mitraille avec l'idée d'un Ordre nouveau précisée par le Vatican (Cf. Le discours de S. S. Pie XII, de Noël 1940 en réponse aux yeux du Sacré Collège et tout particulièrement les cinq points préconisés par le Souverain Pontife comme base d'un ordre nouveau vraiment chrétien et prospère pour 1'Humanité), un centre de ralliement, point géographique d'attraction, ferment inouï d'union et de concorde, apparaît à travers notre Europe désolée, aux yeux des hommes qui n'osent plus y croire.

En effet Pie XII, Représentant direct de Celui qui « ayant aimé les siens, disait saint jean, les aima jusqu'au bout » et créa pour eux l'ineffable Eucharistie, élève au-dessus des champs de bataille, l'Hostie salutaire (O Salutaris Hostia) et sur le sacrifice et le sang versé de tant de milliers d'hommes, « le Calice du Sang précieux » (Calix Sanguinis mei) et appelle pour réunir à    au lendemain de la guerre, dans un Congrès eucharistique international, non seulement les Chrétiens, mais Il l'a dit, l'Humanité entière.

Et en fait de foule, ce Légat a latere de Pie XI aux inoubliables et formidables Congrès eucharistiques de Buenos-Ayres, de Chicago, de Budapest, etc., s'y entend.

De par ailleurs il suffit de prendre les Semaines Religieuses de Cambrai et au fur et à mesure des Lettres Pastorales de son Archevêque, d'y lire combien les consignes et les directives archiépiscopales font écho à la Pensée pontificale, pour y percevoir plus qu'une juxtaposition, à la Pensée pontificale.

On sait d'autre part en quelle estime et en quelle vénération son Excellence Mgr Chollet tient le Très Saint-Sacrement de Miracle de Douai, ses nombreuses interventions personnelles à cet effet l'ont prouvé surabondamment, et un imprimatur officiel de la Chancellerie archiépiscopales du 12 novembre 1928 à cet effet le confirme de façon péremptoire. Cf. le document ci-dessous.

 

 

L'HOSTIE MIRACULEUSE DE SAINT-AMÉ DOUAI – 1254

 

« Au XIIe siècle, la ville de Douai, comme le reste des Flandres, était désolée par les blasphèmes des Stadingnes qui, non contents de se révolter contre toute autorité légitime, mêlaient à leurs erreurs antisociales des erreurs religieuses, niant entre autres le dogme de la présence de Jésus-Christ dans l'Eucharistie. Non seulement ils adhéraient aux fausses doctrines répandues par l'hérésiarque Bérenger vers la fin du XIe siècle, mais encore, et ce  fait est constaté par la bulle de Grégoire IX qui les condamna ils recevaient à l'Église le  Corps du Sauveur dans la Sainte-Communion, et, le conservant jusqu'en leur demeure, ils commettaient sur lui toutes sortes d'abominations sacrilèges.

Voici quelle fut la réponse du Ciel à ces excès de l'hérésie. Nous empruntons le récit du » miracle à un témoin oculaire, Thomas de Cantimpré, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, évêque suffragant de Cambrai

Au temps de Pâques, dit-il, un prêtre qui venait de donner la Sainte Communion au  peuple dans l'église des Chanoines de Saint-Amé, vit avec effroi qu'une Hostie se trouvait sur  le sol. Il se mit à genoux et voulut recueillir le Corps de Jésus-Christ, mais aussitôt, d'elle même, l'Hostie s'éleva en l'air et alla se placer sur le purificatoire.

Le prêtre pousse un cri, il appelle les chanoines ; et ceux-ci, accourus à sa voix, aperçoivent sur le linge sacré un Corps plein de vie sous la forme d'un charmant Enfant. On convoque le peuple ; il est admis à contempler le prodige, et tous les assistants, sans distinction, jouissent de cette vision céleste.

Instruit de cet événement par le bruit qui s'en répandit bientôt, je me rendis à Douai. Arrivé chez le doyen de Saint-Amé, dont j'étais très particulièrement connu, je le priai de me faire voir le miracle. Il y consent et donne ses ordres pour me satisfaire. On ouvre le Ciboire ; le peuple accourt, et peu après que le Ciboire fut ouvert, chacun de s'écrier : « Le voici, je  Le vois ! Le voici, je vois mon sauveur ! » J'étais debout, frappé d'étonnement : je ne voyais  que la forme d'une Hostie très blanche, et pourtant ma conscience ne me reprochait aucune faute qui pût m'empêcher de voir, comme les autres, le Corps sacré.

Mais cette pensée ne m'inquiéta pas longtemps, car bientôt je vis distinctement la face de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la plénitude de l'âge. Sur sa tête était une couronne d'épines et du front coulaient deux gouttes de sang qui descendaient sur chaque joue. A l'instant, je me jette à genoux, et j'adore en pleurant. Quand je me relevai, je n'aperçus plus ni couronne d'épines, ni gouttes de sang : mais je vis une face d'homme, radieuse et éblouissante  de beauté, vénérable au delà de tout ce qui peut s'imaginer. Elle était tournée à droite, en sorte que l'œil droit se voyait à peine. Le nez était long et droit, les sourcils arqués, les yeux très doux et baissés ; une longue chevelure descendait sur les épaules, la barbe, que le fer n'avait point touchée, se recourbait d'elle-même sous le menton, et, près de la bouche, qui était très gracieuse, elle s'amincissait. Le front était large, les joues maigres, et la tête ainsi  que le cou qui était assez long, s'inclinait légèrement. Voilà le portrait, et telle était la  beauté de cette face très douce.

En l'espace d'une heure, on voyait ordinairement le Sauveur sous différentes formes les uns l'ont vu étendu sur la Croix ; d'autres, comme venant juger les hommes ; d'autres, enfin, et c'est le plus grand nombre, le virent sous la forme d'un Enfant .

Il n'est pas resté d'autre récit contemporain du miracle. Mais l'auteur des « Annales de  Flandre », Buzelin, mort à Lille, en 1626, nous fait connaître quelques détails que Thomas de Cantimpré passe sous silence. Il consulta, comme il le dit, les manuscrits de la collégiale, et il y trouva que le miracle arriva le jour même de Pâques ; le prêtre qui distribuait la Sainte  Communion était le curé de la paroisse, et, au moment du prodige, les chanoines étaient au chœur occupés à réciter l'office. C'était par conséquent, vers neuf heures du matin. Quand Thomas de Cantimpré demanda à voir l'Hostie miraculeuse, on appela le peuple au son de la cloche, et ce fut en présence d'une foule nombreuse que le Ciboire fut ouvert. Le miracle eut lieu, non sur le Maître-autel, mais dans la chapelle latérale, à droite en entrant par le grand portail. Il dura plusieurs jours, se renouvelant chaque fois que la sainte Hostie était exposée à découvert ; tous ceux qui entraient dans l'église en étaient témoins ; mais la transfiguration miraculeuse ne s'opérait pas pour tous sous la même forme.

L'authenticité du miracle ne serait-elle appuyée ni sur le témoignage de Thomas de Cantimpré, ni sur celui de Buzelin, que la tradition seule suffirait pour en établir une preuve péremptoire. Un monument incontestable de cette tradition, c'est l'Hostie miraculeuse dont le culte constant et si populaire ne peut avoir d'autre origine que l'événement de 1254. I1 est certain, en effet, qu'en l'année 1356 c'est-à-dire un siècle après l'apparition, la mémoire du Saint-Sacrement de Miracle se célébrait déjà ; la fête avait lieu le mercredi de Pâques, et le document qui en fait foi indique que cet usage existait depuis longtemps. De plus, la Confrérie instituée en souvenir du prodige, et qui s'appelait « Confrérie du Saint­Sacrement », n'est-elle pas également un monument traditionnel d'une valeur indéniable ? Il est donc impossible d'élever contre la vérité du miracle de 1254 un doute tant soit peu fondé.

Mais qu'est devenue l'Hostie miraculeuse qui reçut les hommages de tant de générations ? Elle fut conservée dans la Collégiale de Saint-Amé jusqu'à l'époque de la Révolution.

Les derniers témoins oculaires viennent de disparaître (lisons-nous dans un opuscule » publié en 1825) ; mais à la dernière procession jubilaire de 1855, plusieurs vivaient encore ; et on en trouverait par milliers à Douai qui les ont entendus raconter qu'ils avaient, comme leurs devanciers, vénéré l'Hostie miraculeuse offerte à leurs hommages tous les ans, pendant  l'octave de la fête, sur une table placée au milieu de la nef de la Collégiale, dans une boîte d'argent que l'on portait attachée à l'Ostensoir dans les processions. Ce fut la Révolution  qui brisa violemment les saintes traditions eucharistiques de la Collégiale de Saint-Amé.

En 1790, l'église fut fermée, et 3 ans après elle fut livrée au pillage. On brisa les vases sacrés, et les reliques conservées là depuis près de dix siècles, devinrent la proie des flammes.

Des forcenés se ruèrent sur l'autel, brisèrent le tabernacle et ouvrirent la pyxide d'argent qui renfermait l'Hostie du miracle. Mais Dieu ne permit point ce dernier sacrilège : le Ciboire était vide, des mains pieuses avaient sauvé l'Auguste Sacrement. Quant à la vieille basilique, elle fut vendue en 1798 à des fripiers de Lille, qui la démolirent.

Quand la paix fut rendue à l'Église, le culte du Saint-Sacrement de Miracle fut remis en - honneur dans la paroisse Saint-Jacques et chaque année, au jour assigné par l'ordinaire, les fidèles de Douai se font un pieux devoir d'accompagner l'adorable Eucharistie qui va » prendre place, pour quelques instants, sur le reposoir élevé à l'endroit même où fut autrefois le sanctuaire de l'église Saint-Amé.

En 1854, on crut avoir retrouvé l'Hostie miraculeuse parmi d'autres reliques renfermées dans un petit coffret en bois servant, depuis 1805 de piédestal au Crucifix d'une chapelle de l'église Saint-Pierre.

L'Hostie, portant tous les caractères du Moyen-âge, était accompagnée d'un billet qui attestait que c'était vraiment le sacrement de Miracle sauvé en 1793­

L'Hostie fut gardée dans un lieu décent : un tabernacle de l'église de Saint-Pierre. Puisse le Ciel faire bientôt une lumière complète sur ce point, et empêcher qu'on ne laisse plus longtemps dans les ténèbres et l'oubli cet objet si précieux aux yeux de la foi, ce monument de l'une des plus grandes merveilles eucharistiques, ce gage de grâces célestes toutes spéciales pour la Ville de Douai.

Extrait des Miracles Historiques du Saint-Sacrement,

par le P. Eugène COUET.

Permis d'imprimer.

Cambrai, 12 Novembre 1928.

E. DESCHREVER, V. g.

 

Certes il y a là des rapprochements de plan, des Communautés de domaines, des dignités mutuelles et respectives, et enfin l'intérêt impérieux et religieux de notre bien-aimée Patrie et de la Chrétienté qui sont bien susceptibles d'émouvoir le cœur et l'âme du vénéré Archevêque de Cambrai.

 

Qui sait alors si, une fois de plus, le point de vue archiépiscopal ne va pas rencontrer à ce sujet la pensée pontificale.

La fresque du Maître-autel de la Chapelle du Grand Séminaire de Cambrai due au talentueux pinceau du Maître Valentine Reyre a déjà illustré cette idée dans l'accolade donnée par le Pape saint Grégoire le Grand à Saint-Géry, Évêque de Cambrai. Aussi, au prochain Congrès eucharistique international, où par suite de la Fulmination de la permission du culte public et solennel à procurer à la Sainte Hostie Miraculeuse du Très Saint-Sacrement de Miracle, cette Hostie vénérable - le plus beau Miracle Eucharistique du XIIIe siècle, et Trésor Divin de la Province ecclésiastique de Cambrai, - pourrait bien de ce chef paraître et devenir le plus précieux joyau de ce futur et plus émouvant de tous les Congrès Eucharistiques internationaux. Où trouver alors plus splendide illustration de ce que le Maître Valentine Reyre a si bien rendu par le génie de son artistique pinceau !

Évidemment la parole et la décision restent aux Supérieurs Majeurs seuls ; pour nous, prions à seule fin que le transcendant et divin symbole de l'union, de la Concorde et de la Paix entre les hommes, si bien exprimé par le Très Saint-Sacrement de Miracle fasse et pour la Chrétienté tout entière et pour notre Patrie bien-aimée et pour la Province ecclésiastique de Cambrai du prochain Congrès eucharistique international une sublime, triple et réconfortante réalité !

Vraiment, dans ces conditions nos raisons d'espérer sont-elles à ce point chimérique ? Chimère serait alors l'espérance suscitée par l'Eucharistie adorée et aussi Marie Immaculée qui y conduit, qui y assemble et qui y unit les foules de toutes contrées et de toutes nations comme à Lourdes !

Du moins, confiée à un tel Cœur et de telles mains maternelles notre Espérance, cette fois nous en avons la certitude, ne sera pas vaine, car ce que nos vœux, voire même nos pauvres prières laissées à leur seule efficacité, ne sauraient produire.

Celle qui incarna la Chair et le Sang eucharistique pour l'offrir en prémices une première fois à Bethléem et en sacrifice une seconde fois au Calvaire saura bien le réaliser à l'heure marquée par le Très Haut en suscitant l'aube victorieuse du droit sur l'injustice, de la paix sur la guerre, de l'amour sur la haine et dont le prochain Congrès eucharistique international marquera avec la présence du Très Saint-Sacrement de Miracle - espérons-le - la triomphale apogée !

En exil, pour la sauvegarde de la Sainte Hostie Miraculeuse,

 

Granville, le 15 août 1940.

 

 

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