AVANT PROPOS

Le XIII° siècle est un siècle eucharistique par excellence. Non seulement de grands théologiens comme Albert le Grand, Dons Scot, saint Thomas d'Aquin, saint Bonaventure,Alexandre de Halès et autres, précisent et augmentent l'explication théologique du dogme eucharistique par leurs travaux, mais ils préparent aussi par l'accroissement de cette richesse doctrinale les grandes définitions eucharistiques du Concile de Trente. Ils contribuent, d'autre part la beauté de leurs hymnes eucharistiques, à la splendeur liturgique du Saint-Sacre­ment. C'est à la demande d'Urbain IV que saint Thomas composa cette incomparable séquence Lauda Sion Salvatorem qui nous donne un résumé substantiel de la doctrine eucharistique. (eucharistia de Brillant, page 808).

C'est encore à cette époque qu'a lieu l'institution des offices du Saint-Sacrement et de la Fête -Dieu. Sous l'impulsion de sainte julienne de Mont-Cornillon (monastère des environs de Liège), l'Évêque Robert le Torote, dans un synode tenu à Liège en 1246, institua une fête chômée du Saint-Sacrement en son diocèse pour le jeudi suivant le dimanche de la Trinité.(Eucharistia, page 308). Cette fête devint ensuite universelle pour toute l'Église, grâce à la Bulle Transiturus d'Urbain IV, pape Français et ancien Archidiacre de Liége (Eucharistia,page 308).

C'est enfin en ce beau siècle de saint Louis que se produisirent de grands miracles eucha­ristique dans le genre de celui de saint Amé à Douai (1254), Bolsen (1262), Cracovie, Toulouse Saint Antoine de Padoue et la mule devant le Saint-Sacrement (1), - Paris 1258 à

La Sainte Chapelle : Joinville, dans sa Vie du Roi saint Louis, parle d'une apparition du Christ dans l'Hostie à la Sainte Chapelle. Le Roi Louis IX informé s'écria qu'il n'y avait pas lieu pour lui de voir pour croire (Chronique de Joinville sur la vie de saint Louis Roi de France) ;en 1290 à Paris encore, il y eut un autre miracle : celui de la Rue des Billettes (2).

Toutefois, comme s'il était utile que l'ivraie soit souvent mêlée au bon grain, des individus

 Imbus de funestes doctrines répandirent, à cette époque, des théories aussi subversives que perverses. Issus des Manichéens et appelés suivant les régions où ils exerçaient leurs ravages,Vaudois ou Albigeois, ces hérétiques portaient dans nos contrées le nom de Stadingues, nom tiré d’un peuple qui habitait aux confins de la Frise et de la Saxe (Fleury, Histoire ecclésiastique,livre 80)

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Ces Stadingues étaient très nombreux dans le Nord, on en rencontrait surtout à Arras, à Valenciennes, à Douai et dans beaucoup d'autres villes (Bergier : Dictionnaire théologique ; voir article Stadingues. De même dans le Grand Dictionnaire de théologie, Amaan, au même mot).

A leurs doctrines anti-sociales, ils joignaient d'autres erreurs religieuses graves dont une des principales était la négation du dogme de la présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le Sacrement de l'Eucharistie.

Sans doute ils adhéraient sur ce point aux fausses croyances répandues par l'hérésiarque Bérenger vers la fin du Me siècle, mais encore, et ce fait est constaté par la Bulle du Pape Grégoire IX qui les condamna, « ils recevaient à l'église le corps du Sauveur dans la Sainte Communion et, le conservant jusque dans leur demeure, ils commettaient alors sur lui toutes sortes d'abominations sacrilèges » (Buzelin, Annales Flandriae).

Comme toujours, quand la religion et surtout ses dogmes fondamentaux sont en danger, Dieu se plaît à susciter un prophète ou un saint qui assure la défense, ou à produire quelques miracles en rapport avec le point de doctrine visé par l'hérésie, à sauvegarder.

Ainsi, Douai en 1254, fut-il élu par le Très-Haut pour être le théâtre de faits surnaturels, destinés à confondre les hérétiques et à les ramener à la foi de la manière la plus persuasive. Ce miracle fit dès lors prendre à cette ville le rôle important que l'avenir devait consacrer d'une façon aussi éclatante que glorieuse. En effet, trois siècles plus tard elle allait devenir par son Université et l'hospitalité donnée au clergé et aux communautés britanniques, un des boulevards les plus importants du catholicisme, en même temps que l'un de ses bastions les plus solides contre la reforme

 

1 Eucharistia P. 5

2 A Bruxelles. Le Vendredi Saint 4 avril 1370 des Juifs poignardèrent plusieurs hosties consacrées dans leur synagogue. Ces saintes hosties exprimèrent alors du sang en abondance. Un grand volume avec superbes illustration intitulé :  « Vénérable Histoire du Très Saint-Sacrement de Miracle », imprimé chez Georges & Backet. Imprimer à Bruxelles en 1720, muni de l'imprimatur du Doyen de Saint-Pierre à Louvain docteur en théologie Censeur des Livres, dit qu'en 1720 ces saintes et miraculeuses hosties sont conservées en la collégiale Saint-Michel et Sainte-Gudule à Bruxelles. Cf. page 47. Ce livre que nous avons eu entre nos mains est la  propriété de M. le chanoine Lestienne, l'érudit archiviste de l'évêché de Lille

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