Le Féal tribut historique du Magistrat au Très Saint-Sacrement de Miraclec'est-à-dire de l'Échevinage et du Mayeur de la bonne et francque Ville de Douai

Comme tous les grands corps constitués de la Cité, l'Université, le Parlement de Flandre, la Gouvernance, le Major Général de la Place et l'Ingénieur en Chef Com­mandant de l'Arsenal qui faisaient participer très régulièrement aux grandes proces­sions, des Compagnies d'arbalétriers, d'arquebusiers, de canonniers, etc... ainsi que nous le constaterons dans la deuxième partie de cet ouvrage, le Magistrat c'est-à-dire le conseil municipal et le maire de Douai tenait à honneur de faciliter par de nombreux arrêtés et mesures de police toutes les démonstrations de foi et d'hommage envers le Très Saint­ Sacrement de Miracle.

Déjà, en effet comme le rapporte un vitrail de Saint-Jacques, paroisse héritière terri­toriale de Saint-Amé, pendant la semaine des apparitions en 1254 le Mayeur lui-même se rendit sur les lieux avec l'échevinage pour constater le fait des Apparitions dans la Collégiale de Saint-Amé - en sorte que l'une de ces apparitions fut pour ainsi dire authen­tiquée publiquement alors par les autorités civiles de Douai.

 

Aussi les successeurs du dit magistrat regardèrent toujours comme un honneur et un devoir primordial de leurs charges de continuer le geste de foi et d'hommage de leur premier prédécesseur en l'espèce.

Et de fait dès les premières années après le miracle, nous les voyons intervenir au nom de la ville tout entière par des dons et participations financières à la gloire exté­rieure du Très Saint-Sacrement de Miracle. En effet, ainsi que nous l'avons dit déjà plus haut, nous avons même découvert à ce sujet dans les Archives de la ville de Douai aimablement mises à notre disposition à cet effet par M. Proust et ses successeurs MM. Quilliet et Mathurin « un manuscrit de 1380 qui affirme qu'à cette époque l'Eschevinage allouait une somme assez importante pour le jour du « proceschion dou Sacrement ».

Plus tard le magistrat commandait aux riverains des principales artères où passait la grande procession du Très Saint-Sacrement de Miracle, voire même à tous les habitants de la ville, pour celle du jubilé centenaire, d'avoir à repeindre ou badigeonner la façade de leur maison - ainsi en 1754 et 1855.

Nous voyons encore ce même Magistrat prescrire des feux d'artifice et organiser des réjouissances populaires le soir de ces grandes journées et faire précédemment placarder en ville des affiches et éditer des programmes de la fête.

Il invitait aussi les municipalités voisines et, lors des grands jubilés de 1754 et 1855, il adressait des invitations spéciales aux provinces non seulement environnantes mais d'autres pays comme le prouve la ci-dessous envoyée à la province et Échevinage d'An­vers et dont nous avons retrouvé copie dans les Archives municipales de la Ville de Douai

A Douai, le 10 Juillet 1754.

 

Messieurs,

Nous vous envoyons des exemplaires contenant la description d'une procession séculaire, qui doit se faire dans cette ville le 21 du présent mois ; nous vous prions de les faire publier et afficher ès lieux ordinaires. Nous y joignons quelques programmes que nous avons l'honneur de vous présenter. Nous désirons trouver les occasions de vous en témoigner reconnaissance, et de vous prouver qu'on ne peut être plus parfaitement,

Messieurs

Vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Les Échevins de la ville de Douai.

En 1855 sur la proposition de M. le maire, le conseil municipal imitant ses devan­ciers vota une somme de 6.000 frs destinés à subvenir aux frais généraux du Jubilé, repo­soirs, décorations, etc., etc...

En 1755 l'Échevinage avait voté à cet effet une somme de 7.000 florins. (Cf. Archives municipales).

De même après chaque marche, c'est-à-dire après chaque partie du cortège des gran­des processions, le Magistrat prenait soin de placer une compagnie bourgeoise qui fer­mait ainsi la marche précédente et ouvrait la suivante.

Enfin pour mieux exprimer toute sa satisfaction de participer ainsi aux honneurs rendus au Très Saint-Sacrement de Miracle en ces grandes solennités, le Magistrat fai­sait servir à l'Hôtel de Ville un somptueux banquet auquel prenaient part les autorités constituées. Ainsi à celui de 1754 assistèrent Mgr l'Évêque d'Arras, MM. le Premier Pré­sident et Procureur général, les Présidents Calonne et Bruneau, les conseillers de Franque­ville et Vandermersch, les Chanoines de Saint-Amé, trois députés du Chapitre de Saint­Pierre, trois de la Gouvernance, trois du Magistrat, le Lieutenant du Roi, le Major de la Place, l'Ingénieur en chef et le Commandant de l'Arsenal, plus tard on y invita aussi le conseil de l'Université.

La veille et le jour de la cérémonie toutes les cloches du Beffroi s'ébranlaient à l'unis­son de celles des Églises et des nombreux couvents de la Cité pour glorifier le Très Saint ­Sacrement de Miracle.

C'est dire combien le Magistrat de Douai rivalisa de zèle avec le Chapitre de Saint­ Amé pour continuer de siècle en siècle le geste traditionnel des aïeux envers le grand Tré­sor Eucharistique que le Très Haut avait daigné accorder à Douai et offrir en quelque sorte au Très Saint Sacrement de Miracle, l'hommage du féal dévouement et du respec­tueux

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