La tradition rompue par la tourmente révolutionnaire

 

La chaîne d'or du culte du Saint-Sacrement de Miracle fut sans doute interrompue par la tourmente révolutionnaire. Mais nous ne parlerons ici de la destruction de l'église Saint­ Amé que par les quelques lignes suivantes car notre but n'est pas d'écrire l'histoire de l'insigne Collégiale. Des jours de malheur que l'impiété révolutionnaire fit connaître à l'église de France Saint Amé surtout devait exciter l'animosité de ceux qui, entraînés par le vertige, insultaient à la foi de leurs pères et lui déclaraient une guerre à mort.

Le 17 novembre 1790, les scellés furent apposés à la Salle Capitulaire et, trois ans après l’Église fut mis au pillage. Dans ce jour de deuil qui vit briser les vases sacrés et livrer au feu dans l’enceinte même du temple profané, les Saintes Reliques devant lesquelles près de dix siècles s’étaient  agenouillés, la fureur des démagogues ne pouvait oublier la chapelle du Saint Sacrement du  Miracle, et principalement l'Hostie Miraculeuse dont la présence rappelait l’apparition du  Dieu qui doit un jour juger les malfaiteurs. Ils se ruèrent donc sur l'autel, forcèrent le tabernacle, ouvrirent la boîte où cette Hostie était renfermée...

Mais Dieu ne permit  pas un suprême excès de sacrilège, la boîte était vide.

L’homme qui la tenait entre les mains, un orfèvre, démagogue impie, du nom de Fénasse,qui tira un léger linge , vraisemblablement un corporal, qu'il montra aux forcenés qui l'accompagnaient en s’écriant :

« Voila avec quoi les prêtres entretenaient la superstition des femmes. Comme nous le verrons dans la troisième partie de cet ouvrage : « Identité actuelle et canonique de la Sainte de la Sainte Hostie conservée à Saint Pierre et de l'Hostie Miraculeuse de Saint Amé ».

L’hostie miraculeuse fut sauvée par le vénéré et dernier prévôt de Saint Amé, M. de Ranst de Berckem dont la famille habitait un château à Roost-Warendin et qui avait lui­ un hôtel  près de Saint Amé et un parent habitant le N° 4o de la rue appelée aujourd'hui rue Morel (immeuble possédé présentement par M. le Baron de Warenghien de Flory).

Nous avons une preuve certaine du sauvetage de la Sainte Hostie Miraculeuse par le témoignage officiel dressé lors de la visite domiciliaire à Saint-Amé en 1793

 

D’autre part l’abbé Capelle recueillit lors de l'enquête de 1855 les témoignages de nombreux vieillards qui déclarèrent  que l'impiété fit courir en ville qu'en place de l'Hostie on trouva un morceau de carton : nouveau témoignage de son sauvetage fourni par l'impiété

La vielle Basilique que les siècles avaient respectée et honorée tomba sous le marteau des démolisseurs .Le 11 octobre 1798, la tour fut abattue et le 22 novembre suivant le reste de l’édifice fut jeté bas.

Mais aussitôt le culte rétabli , celui du Saint-Sacrement de Miracle fut restauré sans tarder dans l'église Saint-Jacques à Douai, chargée de continuer cette grandiose tradition

En 1804, et années suivantes, nous voyons M. Carpentier et surtout M. Levesque, doyen de Saint-Jacques, rétablir l'archiconfrérie du Très Saint-Sacrement de Miracle, ainsi que la  procession dite du Très Saint-Sacrement de Miracle qui se rend à l'endroit même ou fut opéré le prodige, à la Place Saint-Amé, le dimanche de Quasimodo ; en 1816 le Pape Pie VII confirma par Bref à la Confrérie du Très Saint-Sacrement rétablie à Saint-Jacques les indulgences accordées à Saint Amé (cf. le Bref, ci-dessous).

Dès 1854, on s'empressa de préparer la grande procession du Centenaire qui devait renouer la Chaîne d'Or jubilaire tressée au Très Saint-Sacrement de Miracle par Douai recon­naissant et fidèle au Dieu de l'Eucharistie.

BREF DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE VII CONFIRMANT A LA CONFRÉRIE DU TRÈS SAINT-SACREMENT

DE MIRACLE LES FAVEURS ACCORDÉES AUPARAVANT.

Pie VII

Qu'il soit notoire à tous et par tout que l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur, 1816 le 31 août, septième du pontificat de notre très Saint Père le Pape, Pie VII du nom, moi, official député ai vu et lu certaines lettres apostoliques scellées en plomb, conçues en ces termes :

 

« Pie, Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à tous les fidèles chrétiens qui ces présences » lettres verront, salut et bénédiction apostolique.

«  Réfléchissant sur la fragilité de notre vie mortelle, sur la condition du genre humain, et principalement sur la sévérité du jugement qui nous attend, Nous avons reconnu que chaque fidèle pourvoit en prévenir les effets par ses bonnes oeuvres et ses ferventes prières, et par ce moyen  effacer ses péchés et mériter plus facilement la grâce de jouir de la félicité éternelle. »

«  C'est pourquoi, ayant appris que dans l'église paroissiale de Saint-Jacques, en la ville de Douai, diocèse de Cambrai, une pieuse et dévote confrérie de fidèles des deux sexes, sous l’invocation du Très Saint-Sacrement, et à la plus grande gloire de Dieu, pour le salut des âmes et l’édification du prochain, sans exception de qui que ce soit, avoir été canoniquement érigée par l’évêque diocésain, ou était sur le point de l'être ; sachant aussi que nos chers fils, membres de cette confrérie, exerçaient ou avaient l'intention d'exercer beaucoup d'actes de piété, de charité et de  miséricorde, et désirant que cette confrérie prenne de jour en jour de plus grands accroissements.  que les confrères persévèrent dans leurs bonnes oeuvres qui ne feront qu'augmenter dans la suite que les fidèles aient des désirs plus efficaces d'entrer dans cette confrérie ; qu'ils aient plus de  vénération pour ladite église paroissiale ; que les fidèles à Jésus-Christ lui rendent les honneurs qui lui sont dus ; qu'ils la fréquentent avec d'autant plus de zèle et de dévotion qu'ils auront reconnu y avoir trouvé une nourriture spirituelle plus abondante ; par la miséricorde de Dieu tout-puissant, et l'autorité des saints Apôtres Pierre et Paul, Nous avons accordé indulgence plénière, avec pardon et rémission de tous et chacun leurs péchés, aux fidèles de l'un et de l'autre sexe qui, vraiment pénitents, se seront confessés et auront reçu la très sainte Eucharistie le premier jour de leur entrée dans ladite confrérie. »

«  Nous avons accordé pareille indulgence à tous les confrères présents et à venir, qui, à l’article de la mort, se seront confessés et auront reçu le saint Viatique, s'ils le peuvent commodément, ou, au moins, qui invoqueront de bouche, si cela leur est possible, sinon de coeur, le nom sacré de Jésus, ou donneront quelques signes de pénitence. »

«  Nous avons étendu cette même indulgence plénière aux confrères vraiment pénitents, con­fessés et communiés qui (le jour principal de la fête de ladite confrérie, à désigner par eux, excepté celui de Pâques, et à approuver par l'évêque diocésain, lequel, une fois choisi, sera fixé pour toujours), chaque année le jour de cette fête, depuis les premières vêpres jusqu'au coucher du soleil visiteront ladite église, y prieront pour l'exaltation de notre Mère la sainte Église, l'extirpation  des hérésies, la conversion des hérétiques et des infidèles, la paix et la concorde entre les Prince chrétiens, et le salut du Souverain Pontife »

Nous avons en outre accordé auxdits confrères, aussi confessés et communiés, qui visiteront la dite eglise depuis les premières vêpres jusqu'au soleil couché, comme il est dit ci-dessus (en chacun des quatre jours de l'année qu'ils choisiront, excepté celui de Pâques, sous l'approbation de l’évêque, lesquels, une fois fixés, ne pourront plus être changés), une indulgence de sept ans et autant de quarantaines.

Enfin nous avons remis auxdits confrères soixante jours de la pénitence qui leur aurait été imposé de quelques manière que ce soit, et ce, à perpétuité, toutes les fois qu'ils assisteront aux messes et autre offices divins que leur confrérie fera célébrer dans ladite église ; qu'ils assiste­nt aux assemblées publiques ou privées de leur dite confrérie ; à quelques rouvres de piété, aux processions ordinaire et extraordinaires tant de la même confrérie qu'à toutes autres auto­risées par l’évêque diocésain, aux convois des morts ; qu'ils accompagneront le Très Saint-Sacrement lorsqu’on  le porte à un malade, ou, quand ils en seront empêchés, ils se mettront à genoux au son de la cloche et réciteront une fois l'Oraison dominicale et la Salutation angélique pour ce malade ;qu’ils donneront l'hospitalité aux pauvres étrangers, ou les aideront de leurs aumônes ou de leurs services ; qu'ils visiteront les infirmes et les consoleront dans leurs peines ; qu'ils se réconcilieront  avec leurs propres ennemis, ou rétabliront la paix entre d'autres ; qu'ils ramè­neront dans la voie du salut celui qui s'en serait écarté ; qu'ils enseigneront, à ceux qui les igno­rent les commandements de Dieu et les autres choses nécessaires au salut ; qu'ils réciteront cinq fois l’Oraison dominicale et la Salutation angélique pour le repos des âmes des confrères de ladite confrérie décédés, ou auront exercé quelques actes spirituels ou temporels relatifs à ceux ci­ dessus énoncés.

Toutes lesquelles indulgences pourront être appliquées dès aujourd'hui et à toujours, par forme de suffrages, aux âmes des fidèles trépassés détenues dans le purgatoire.

Nous voulons cependant que si ladite confrérie se trouvait agrégée à une archiconfrérie, ou vint dans la suite à s'y agréger, de quelque manière que ce soit, pour jouir des indulgences qui lui auraient été accordées, que les premières lettres, autres que les présentes, ne lui procurent aucun avantage, et soient dès à présent sans force ni vigueur.

Nous voulons encore que si ladite confrérie a obtenu de Nous quelqu'autre indulgence perpétuelle ou  pour un temps qui ne serait pas encore écoulé, que les présentes lettres soient nulles et de nul effet.

Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur mil huit cent seize, le jour des ides d'août (le 13 août), le septième de notre pontificat, et scellé d'un scel en plomb .

Sur lesquelles lettres, moi, notaire public, ai fait la présente copie que j'ai signée en présence de  MM. Joseph Monti et Vital Sernicoli.

Pour copie conforme à l'original : signé : M. Cipriani, official député, est signé A. Card. Prod et scellé d'un grand scel en placard.

II est ainsi signé : Joseph Battaglia, notaire apostolique, et scellé d'une empreinte en noir

Nous permettons de publier les indulgences ci-dessus rappelées, à cette condition cependant que l’on observe les statuts donnés par nous à cette confrérie, le vingt-six mars 1806, et pour gagner l’indulgence de sept ans et d'autant de quarantaines, le dimanche dans l'octave de l'Épiphanie, le jour de la fête de l'Ascension de Notre-Seigneur, le jour de la fête patronale, et le jour de Noël, jours choisis par les confrères et par nous approuvés.

Donné à Cambrai le trente-un du mois d'octobre 1816.

Etoit signé X Louis, Évêque de Cambrai.

Par mandement signé : De MUISSART, chanc. Secrétaire),

 

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