Notre Dame des Miracles
L'image dite de Notre-Dame des Miracles honorée dans l'église Saint-Pierre à Douai est une statue en pierre. Elle était placée primitivement, à l'extérieur de l'église du coté du midi, ou elle recevait l’hommage de pieux fidèles qui aimait à s’agenouiller devant, elle pour prier. Le 8 juillet de l'année 1632 , pendant que quelques personnes étaient occupées a ces actes de dévotion , et que prés d'elles des enfants ,par des ébats un peu trop bruyants , nuisaient au recueillement nécessaire a la prière , on vit tout a coup l’image sainte se mouvoir elle lève la main et l’enfant Jésus qu’elle po rte dans un bras est passé dans l’autre .Les enfants l’aperçoivent ,ils se croient menacé ils se sauvent en poussant des cris et vont raconter la scène dont ils ont été témoins. Instruite de ce qui se passait, la population accourut sur le théâtre du prodige; la ruée ne tarda pas à s'étendre au-delà des murs durs la ville, les habitants des campagnes vinrent en foule innombrable. Le prodige du 8 juillet n'avait été qu'un prélude. Pendant les onze jours qui suivirent, six paralytiques recouvrirent l'usage de leurs membres, un aveugle fut guéri, un mort fut ressuscité. A la suite de ces merveilles, la Madone fut portée dans l'église, pour l'y placer convenablement, on construisit une chapelle, qui fut achevée en 1637. Les miracles continuèrent pendant plus d'un siècle; ils sont longuement rapportés par tous les écrivains contemporains qui se sont occupés de l'agiographie de nos contrées, et dont le témoignage ne peut être révoqué en doute. Le dôme magnifique placé au chevet de l’église Saint-Pierre fut érigé en l'honneur de Notre-Dame des Miracles ; elle y fut déposée en grande pompe après un procession qui eut lieu le jour de l'octave de la bénédiction de l'église, en juillet 1750. Pendant les malheurs de la révolution, la sainte image ne quitta point son sanctuaire lorsque l’église a toutes les folies du culte de la déesse Raison, la chapelle du dôme séparé du reste de l’édifice par une cloison de planches ,ne fut jamais profanée et les fideles vont toujours y prier avec confiance la mère du sauveur aux pieds de la statue que Dieu s’est complu a bénir et devant laquelle il a donné des marques nombreuses de sa puissance et de sa bonté.
NOTRE-DAME DES MIRACLES ET L'ÉGLISE SAINT-PIERRE
Les prêtres jureurs qui jouissaient d'une certaine liberté depuis 1795 et qui n'avaient pas été poursuivis en 1797 sollicitèrent la libre disposition de l'édifice ci-devant, dit l'église Saint-Pierre, originairement destiné à l'exercice du culte catholique, et dont ils étaient en possession ce premier jour de l'an II. En attendant l'issue de leur démarche, ils continuèrent à officier dans la chapelle du dôme qui était séparée par une balustrade du reste de l'édifice. On y pénétrait par une porte latérale donnant sur l'ancien cimetière rue de la Madeleine.Pendant les sombres jours de la Révolution la statue miraculeuse demeura en sa chapelle, là même où la reconnaissance des habitants de Douai l'avait portée triomphalement le 2 août 1750. Tandis que les autres églises tombaient sous la pioche des forcenés, ou se voyaient dépouillées de leur peuple de saints, alors que la Collégiale Saint-Pierre était elle même profanée, la Sainte Mère de Dieu qui s'était souvenue de l'affection que lui portait sa ville de Douai, alors qu'elle gémissait sous les invasions des armées rivales, Notre-Dame des Miracles eut de nouveau compassion de ses enfants. En effet elle exauça du haut de trône (dont elle n’a pas bougé un seul instant depuis le 2 aout 1750 jusqu'à la guerre 14-18)
Les prières instantes des nombreux fidèles qui ne cessèrent jamais aux jours mauvais de la
Révolution de venir furtivement recommander à la Mère bénie, l'Église si cruellement frappée, la Patrie déchirée, la cité aux abois et la Collégiale profanée.
Mais à quelles conditions les paroissiens de Saint-Pierre obtinrent-ils l'usage de leur église d'où ils étaient exclus depuis l'an II de la République ? L'Arrêté du 12 février 1800 va nous le dire
« Le ci-devant chœur est réservé pour la célébration des cérémonies décadaires et sera clos de balustrades. Le clocher et les bâtiments extérieurs sont réservés aux usages civils, ainsi que la sacristie des chanoines. Les orgues provenant de l'Abbaye d'Anchin serviront également aux cérémonies du culte et aux cérémonies civiles. Lors de la célébration des grandes fêtes nationales et de la tenue des assemblées du département, si l'usage entier de l'édifice est nécessaire, il aura lieu aux jours, heure, temps fixés par les autorités. Les cérémonies décadaires seront célébrées depuis dix heures du matin jusqu'à une heure de l'après-midi, pendant ce temps il ne sera fait aucune cérémonie des cultes. Pendant la célébration des grandes fêtes nationales et pendant la tenue des assemblées générales, interdiction de toute cérémonie religieuse. Les cérémonies des cultes pourront avoir lieu depuis 5 heures du matin jusqu'à 6 heures du soir en été, et depuis, 6 heures du matin jusqu'à 5 heures du soir en hiver sous les réserves ci-dessus ».
On sait que la Collégiale Saint-Pierre réédifiée en l'an 1735 par l'architecte de Bissy de Bruxelles avait été inaugurée le 2 août 1750 et occupe à peu près l'emplacement de l'église bâtie au VIe siècle.
Quant à l'église Notre-Dame, en quel état les étranges destinées auxquelles elle avait été condamnée l'avaient réduite ! Ses murailles de granit restaient seules debout, mais le vénérable sanctuaire édifié par le Chapitre de Saint-Pierre en 1257 et qui ne comptait plus comme église (depuis 1792, il avait servi à tous les usages et la paroisse était supprimée) devait survivre à ses proscripteurs et demeurer comme un ex-voto de la piété des Douaisiens à la Mère du divin Sauveur.
Le nouveau Saint-Jacques s'éleva après la Révolution dans l'église et le couvent des Récollets Anglais auxquels on ajoutera un transept, un déambulatoire et la chapelle absidale à Notre-Dame des Victoires pour constituer la belle église du nouveau et pieux Saint-Jacques.